Définition de IMPERTINENT, ENTE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : im-pèr-ti-nan, nan-t'

DÉFINITIONS

1
Qui ne touche pas, ne se rapporte pas à ce dont il s'agit.
Ces raisons-là, très impertinentes pour supprimer un mot, ne laissent pas d'en empêcher l'usage
de Claude Favre de VAUGELAS dans Rem. t. I, p. 94, dans POUGENS
Je lui ferais un compliment fort mauvais et fort commun, qui ne la consolerait point, si elle est affligée, et qui lui paraîtrait impertinent, si elle ne l'est pas
de Mme DE GRIGNAN dans dans SÉV. 22 juill. 1676
Toutes ces questions du temps et du lieu sont impertinentes à l'égard de Dieu
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Existence, 348
Il [M. Dacier] m'exhorte, dans cette lettre de 1714, à introduire les choeurs [dans Oedipe], et à ne point parler d'amour dans un sujet où cette passion est si impertinente ; je suivis son conseil
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. lett. à l'abbé d'Olivet, 20 août 1761
Sémantique : En termes de pratique, il se dit dans le même sens. Ce fait, cet article est impertinent.
2
Qui est contre le bon sens.
C'en est fait ; je le perds ; l'impertinente crainte ! Que m'importe de perdre une amitié si feinte ?
de Pierre CORNEILLE dans la Suiv. I, 9
Là [dans le Talmud], parmi une infinité de fables impertinentes qu'on voit commencer pour la plupart après les temps de Notre Seigneur, on trouve de beaux restes des anciennes traditions du peuple juif, et des preuves pour le convaincre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 8
Vous pouviez louer Auguste sans lui prédire ces honneurs impertinents
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Jugement de Pluton.
Qu'il mourût serait détestable dans Zaïre ; et Zaïre, vous pleurez, serait impertinent dans Horace
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Formont, 15 déc. 1732
Rien n'est plus impertinent que d'attacher de la honte à réciter ce qu'il est glorieux de composer
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Siècle de Louis XIV, Écrivains, Baron.
Il est fort impertinent de prétendre deviner ce qu'il [Dieu] est, et pourquoi il a fait tout ce qui existe ; mais il me paraît bien hardi de nier qu'il est
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Diderot, juin 1749
Qui agit contre le bon sens.
Que l'on trouve à Madrid d'impertinents menteurs !
de Thomas CORNEILLE dans Feinte astrol. III, 1
Le Maimbourg [auteur de l'Histoire des Iconoclastes] est impertinent ; il y a toujours dans ses ouvrages la marque de l'ouvrier ; la belle pensée de faire punir un Turc, parce qu'il n'a pas salué l'image de la Vierge !
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 13 sept. 1677
Si vous trouvez quelquefois des discours hors de leur place dans mes lettres, c'est que.... je reprends sur des chapitres que j'ai déjà commencés, cela peut me faire paraître un peu impertinente
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 19 août 1679
On aurait vu qu'il n'y avait à produire que quelque impertinent glossateur
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. XIII, § 7
....L'impertinent auteur ! L'ennuyeux écrivain ! le maudit traducteur !
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Je suis bien plus troublé de le voir [le genre humain] si impertinent et si ridicule
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Recueil de FEUGÈRE, p. 182
Nature : Substantivement.
Nous espérons de vous voir bientôt ; ne nous trompez pas, et ne faites point l'impertinente ; on dit que vous l'êtes beaucoup sur ce chapitre
de Charles de SÉVIGNÉ dans dans SÉV. 28 oct. 1676
3
Qui blesse par des manières, des paroles discourtoises.
Et que disait tantôt ta langue impertinente ?
de Noël LEBRETON, sieur de HAUTEROCHE dans App. trompeuses, I, 14
Je vous trouve tous trois bien impertinents de parler devant moi avec cette arrogance
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. II, 4
Si on lui persuade qu'on la respecte pour elle-même, vous en ferez la plus impertinente et la plus insupportable créature du monde
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à d'Aubigné, 28 fév. 1678
Je vous réponds que, si ce petit président des aides de province n'était pas le plus impertinent des hommes, il serait le plus dangereux
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Damilaville, 2 mars 1763
* Substantivement.
Il y a de certains impertinents au monde qui viennent prendre les gens pour ce qu'ils ne sont pas
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Méd. m. lui, II, 9
Le fat est entre l'impertinent et le sot : il est composé de l'un et de l'autre
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
L'impertinent est un fat outré
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
L'impertinent rebute, aigrit et irrite
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
C'est une impertinente qui ne mérite pas l'honneur que vous lui faites
de LEGRAND dans Métamorph. amour. sc. 6
Il se dit aussi des choses.
Au lieu de les rebuter par mes manières impertinentes, j'ai eu le malheur de leur plaire
de Alain René LESAGE dans Crispin riv. de son maître, sc. 23
C'est une fierté sensée qui confond un orgueil impertinent
de Pierre de MARIVAUX dans Pays. parv. 1re part.
4
Nature : S. f. L'impertinente, un liseron du Pérou.

SYNONYME

1
IMPERTINENT, INSOLENT. L'insolence est plus grave que l'impertinence, et n'est pas d'ailleurs un défaut du caractère : un homme très poli peut se croire autorisé à commettre quelquefois une insolence. L'impertinent choque par ses manières qui témoignent qu'il ne fait pas grand compte d'autrui ; mais cela n'est pas tel que nous ayons à protéger notre honneur. Au contraire l'insolent porte une atteinte directe à notre honneur et suscite des représailles.

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Item la forme d'y respondre est croire ou non croire, en negatif ou suppositif ou impertinent
de BOUTEILLER dans Somme rural, liv. II, titre 2
2
XVIe s.
De quoy il ne sera point impertinent que nous escrivions sommairement, et reprenant l'histoire un peu de plus haut
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 11

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. impertinens, de in négatif, et pertinens, pertinent.

Termes proches de IMPERTINENT, ENTE

Phonétiquement proche de IMPERTINENT, ENTE